Le procès historique entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda a officiellement démarré le jeudi 26 septembre à Arusha, en Tanzanie, devant la Cour de justice de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC). Kinshasa accuse Kigali d’avoir orchestré une agression contre l’Est de son territoire, en soutenant activement la rébellion du M23, un groupe armé responsable de nombreuses atrocités dans la région.
Les griefs de la RDC contre le Rwanda
Dans ce procès, la RDC reproche au Rwanda une série d’actes jugés comme des crimes de guerre, commis par l’intermédiaire du M23. Ce mouvement rebelle, actif dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, est accusé de massacres, viols, pillages et déplacements massifs de populations civiles. Depuis plusieurs années, des rapports de l’ONU et d’autres organisations internationales pointent du doigt le soutien logistique, financier et militaire du Rwanda à ce groupe, une accusation que Kigali a toujours niée.
L’implication des troupes de l’EAC : Une ombre au tableau
Au moment où la Cour de justice de l’EAC entame ce procès, une question sensible persiste. Depuis 2022, des troupes de la Communauté des États d’Afrique de l’Est sont déployées dans l’est de la RDC dans une mission censée pacifier la région. Cependant, au lieu de restaurer la sécurité, plusieurs voix congolaises les accusent d’être complices des exactions des rebelles du M23. Ce sentiment de trahison de la part de l’EAC a renforcé le scepticisme quant aux résultats concrets que pourrait engendrer ce procès.
Des attentes hypothétiques pour la population congolaise
L’ouverture de ce procès suscite des attentes mitigées parmi les Congolais. Pour certains, cette action judiciaire est une lueur d’espoir, une tentative sérieuse d’obtenir justice pour les nombreuses victimes de la guerre dans l’est du pays. Cependant, pour d’autres, la situation semble plus complexe, et les résultats espérés du procès restent hypothétiques. En effet, le contexte politique et sécuritaire dans la région, aggravé par l’implication controversée des forces de l’EAC, soulève des doutes sur la capacité de la Cour à véritablement apporter des solutions durables.
Les enjeux géopolitiques régionaux
Ce procès a également une dimension géopolitique importante. La tension entre la RDC et le Rwanda alimente depuis longtemps l’instabilité dans la région des Grands Lacs. Une condamnation du Rwanda par la Cour pourrait redessiner les relations diplomatiques entre ces deux voisins et influencer la dynamique régionale. Néanmoins, le processus judiciaire, tout comme les solutions militaires ou diplomatiques précédentes, devra surmonter de nombreux obstacles pour garantir la paix à long terme dans cette région troublée.
En attendant, les populations de l’est de la RDC continuent de subir les affres du conflit, tandis que les regards sont tournés vers Arusha, dans l’espoir que justice soit rendue et que la paix revienne enfin dans cette partie meurtrie du pays.
Gracieux Bazege depuis Goma