Après la mort du Pape François ce 21 avril à l’âge de 88 ans, l’Église catholique entre dans une période de deuil, mais aussi de transition. Les regards se tournent déjà vers Rome où le conclave chargé d’élire son successeur sera organisé. Dans cette atmosphère lourde d’attente et d’interrogations, un nom revient avec insistance en Afrique particulièrement en RDC : celui du cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa.
À 65 ans, ce prélat congolais est loin d’être un inconnu dans les sphères vaticanes. Membre du cercle restreint des cardinaux conseillers du pape François depuis 2020, il a activement contribué aux réflexions sur la réforme de la Curie, et s’est imposé comme l’un des visages les plus respectés du catholicisme africain. Proche du défunt pontife, il figurait parmi les participants au sommet des cardinaux africains organisé début mars au Vatican, alors que l’état de santé du pape était déjà critique; un signe qui n’a pas échappé aux observateurs.
Si l’Afrique compte aujourd’hui 29 cardinaux, dont 18 électeurs, c’est la première fois que le continent semble aussi proche d’un rôle pivot dans l’élection d’un pape. Dans cette dynamique, Ambongo incarne une Église jeune, vivante, enracinée dans les réalités sociales, mais désireuse de conserver sa communion avec Rome.
Son rôle dans la récente controverse autour du document Fiducia Supplicans, qui ouvre la porte à la bénédiction des couples de même sexe, a démontré sa capacité à conjuguer fidélité doctrinale et sens du dialogue. En exprimant les réserves de l’épiscopat africain sans rupture avec le Vatican, Ambongo a gagné en stature. Une attitude que beaucoup, à Rome comme ailleurs, ont saluée comme un modèle de fermeté tempérée.
Nommé cardinal en 2019, archevêque de Kinshasa depuis 2018, président du Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SECAM), il est à la fois homme de terrain et homme d’Église. Voix engagée pour la paix en République démocratique du Congo, pays marqué par des décennies de violence, il apparaît comme un pasteur proche de son peuple, mais aussi comme un pont possible entre les continents.
François, en son temps, avait marqué l’histoire en célébrant une messe selon le rite zaïrois à la basilique Saint-Pierre, un geste de reconnaissance fort envers l’Afrique. Une Église en pleine croissance, qui pourrait désormais prétendre occuper le trône de Pierre.
Rien n’est joué pour autant. Le conclave, réuni sous le sceau du secret, demeure imprévisible. Parmi les autres figures citées, on retrouve des profils européens comme Pietro Parolin, homme-clé de la diplomatie vaticane, ou Matteo Zuppi, médiateur international respecté. D’Asie, Antonio Tagle, surnommé « le François asiatique », reste lui aussi une figure centrale. Et en Afrique, l’ombre tutélaire du cardinal Peter Turkson n’a pas disparu.
Mais si la prochaine élection devait consacrer une Église plus représentative de sa démographie mondiale, le nom d’Ambongo, entre enracinement local et vision universelle, pourrait bien s’imposer au cœur de la Chapelle Sixtine.