Le 31 octobre 2024, les experts congolais et rwandais se sont rencontrés à Luanda pour progresser dans le processus de paix, sous la médiation de l’Angola. Cette réunion a abouti à des avancées significatives, bien que la prudence reste de mise.
Un concept stratégique pour une paix durable
Lors de ces discussions, les experts ont élaboré et adopté un “concept stratégique d’opérations”, un document destiné à orienter les actions militaires et diplomatiques en vue de stabiliser la région. Ce concept, préparé sous la supervision des médiateurs angolais, contient des directives opérationnelles qui tiennent compte des points de vue des deux pays. Cet accord vise notamment à lutter contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et à organiser un retrait progressif des forces rwandaises supposées présentes en RDC.
Un consensus à confirmer
Bien que ce document ait été adopté par consensus, il devra encore être approuvé par les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda lors de la session prévue le 16 novembre prochain à Luanda. Dans le passé, certains accords obtenus au niveau des experts ont été annulés en raison de divergences lors des réunions ministérielles. Les médiateurs angolais demeurent donc prudents face à cette étape décisive.
La question du retrait des forces rwandaises
Un point de friction persiste autour de la “levée des mesures défensives”, une expression que Kinshasa interprète comme le retrait total des soldats rwandais de son territoire. Kigali continue de nier la présence de ses troupes en RDC, malgré les preuves avancées par les autorités congolaises et les observateurs internationaux. La session ministérielle de novembre sera cruciale pour dissiper les malentendus et clarifier les engagements mutuels.
Le Mécanisme de Vérification Ad-hoc Renforcé : un outil de transparence
Dans le cadre des avancées de cette réunion, les deux parties ont entériné la mise en place du Mécanisme de Vérification Ad-hoc Renforcé (MVA-R), dirigé par l’Angola et incluant des officiers de liaison des deux pays. Ce mécanisme, dont le lancement est prévu à Goma le 5 novembre 2024, vise à vérifier les accusations mutuelles d’incursions et d’attaques transfrontalières. Ce dispositif tripartite est perçu comme essentiel pour rétablir la confiance et limiter les malentendus pouvant mener à des confrontations armées.
Un espoir fragile dans un contexte tendu
Les observateurs soulignent que, malgré ces progrès, la prudence reste de mise. La situation sur le terrain demeure tendue, notamment autour de Pinga, dans le territoire de Walikale, où les FARDC et le M23 continuent de s’affronter violemment. Si les initiatives prises à Luanda sont prometteuses, leur mise en œuvre dépendra de la volonté politique des dirigeants et de leur engagement à honorer les accords.
Un tournant pour la paix au Nord-Kivu ?
Les semaines à venir seront décisives pour la stabilité dans le Nord-Kivu. La session ministérielle du 16 novembre pourrait marquer un tournant historique dans le processus de paix. Mais la réussite de ce processus dépendra de l’engagement des deux parties à traduire ces avancées diplomatiques en actions concrètes.
Gracieux Bazege depuis Goma ville