Face à la détérioration du climat sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC), le Canada a décidé de prendre des mesures contre le Rwanda, accusé de soutenir le groupe armé M23. Lundi, Ottawa a annoncé une série de sanctions visant à dénoncer ce qu’il considère comme une atteinte à la souveraineté congolaise et une menace pour la stabilité régionale.
Dans une déclaration conjointe, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly, accompagnée de ses collègues Ahmed Hussen (Développement international) et Mary Ng (Promotion des exportations), a fustigé l’ingérence du Rwanda dans le conflit. Les autorités canadiennes condamnent à la fois la progression du M23 et la présence des Forces de défense rwandaises sur le territoire congolais, qu’elles qualifient de violation du droit international.
Pour marquer son opposition, le Canada a décidé de suspendre l’octroi de licences d’exportation de biens et technologies sensibles à destination du Rwanda. Par ailleurs, toute nouvelle coopération économique entre les deux gouvernements est interrompue, tandis que les entreprises canadiennes en relation avec Kigali feront l’objet d’un examen accru.
Sur le plan diplomatique, le gouvernement canadien envisage de revoir sa participation aux événements internationaux organisés par le Rwanda et de remettre en question l’accueil de certaines rencontres diplomatiques par Kigali. De plus, Affaires mondiales Canada a convoqué le représentant rwandais à Ottawa pour lui notifier officiellement ces décisions.
Au-delà des mesures coercitives, le Canada exprime sa vive préoccupation face aux conséquences de ce conflit sur les populations civiles. Les ministres canadiens dénoncent les violences, notamment les agressions sexuelles dont sont victimes de nombreuses femmes et jeunes filles dans les zones touchées par les combats.
Pour venir en aide aux personnes affectées, Ottawa a débloqué une enveloppe de 15 millions de dollars canadiens destinée à l’assistance humanitaire en RDC. Ces fonds permettront de fournir des secours d’urgence aux déplacés et d’appuyer les organisations œuvrant sur le terrain.
Souhaitant une issue négociée à la crise, le Canada soutient les efforts de médiation menés par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et l’Union africaine. Ottawa exhorte toutes les parties impliquées à respecter les engagements pris dans les cadres diplomatiques de Luanda et de Nairobi, qui visent à mettre un terme aux hostilités.
Avec ces sanctions, le Canada adopte une position ferme contre toute tentative de déstabilisation de la RDC et affirme son engagement en faveur du respect de la souveraineté congolaise. Reste à voir si cette pression diplomatique incitera Kigali à modifier sa politique dans la région.