Lutter pour la « dékabilisation » de l’opinion congolaise revient, en réalité, à inciter cette même opinion à s’intéresser davantage à l’ancien président de la République.

Sans le dire, le CSAC alimente une curiosité irrésistible chez les Congolais, les poussant à se focaliser encore plus sur des activités qui semblent devenir cauchemardesques pour le pouvoir de Kinshasa.

Pourtant, les Congolais sont unanimes : le Rwanda, qui agresse leur pays, ne peut rester impuni, et toute collaboration avec Kigali dans cette entreprise criminelle est inexcusable, fût-elle menée par Joseph Kabila lui-même.

Relayer les activités de Kabila n’atténuera en rien la douleur d’une éventuelle action violente qu’il pourrait mener par surprise. Au contraire, en être préalablement informés permettrait aux Congolais de mieux s’y préparer.

La meilleure stratégie serait plutôt d’appliquer le principe de « l’info qui chasse l’info ». C’est le seul moyen de réduire la nocivité des informations sur l’ancien président et d’assainir le débat public.

Pourquoi ? La réponse est simple :
1. Les consultations de Kabila ne sont pas éternelles. Elles prendront fin bientôt, laissant place à une phase d’exécution qui nécessitera davantage de discrétion que de visibilité.
2. L’appel de Martin Fayulu lui a porté un coup dur, l’affaiblissant. En interdisant aux médias d’évoquer son nom, le CSAC lui offre paradoxalement une résurrection médiatique, un regain de force inattendu.

Comment chasser une information par une autre ? Je ne saurais vous le dire publiquement. Mais vous assure que ce n’est pas ce que vous connaissez, si non, vous l’auriez fait.

Ambroise Mamba Ntambwe, Journaliste et chercheur en sciences politiques.