La déclaration «opposante» des évêques de la Conférence Episcopale nationale du Congo (CENCO) sur l’organisation des élections générales du 20 décembre 2023 en RDC n’a pas hésité à susciter une réaction musclée de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) qui vient d’éclairer l’opinion nationale et internationale.
Dans un communiqué en réponse aux prêtres rendu public ce vendredi 19 janvier, la CENI a estimé que la CENCO a appliqué la «politique de l’Autruche» qui consiste à ne pas aborder les vrais problèmes et leurs causes. En outre, elle a constaté que la CENCO s’est livrée à une analyse superficielle basée essentiellement sur les symptômes du problème et pour enfin proposer des pistes de solutions qui ne remédieraient de manière sérieuse et durable à aucun des maux décriés.
Ayant pris connaissance du message des Evêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo du 16 janvier 2024 sur le processus électoral, la CENI a, dans ce texte, fait des observations et apporté les précisions suivantes :
- Ce message est l’épitome d’un adage populaire qui suggère que la critique est aisée alors que l’art est difficile. La conséquence étant qu’au lieu de se livrer à une analyse approfondie et systématique de la situation générale et du contexte dans lequel lesdits scrutins se sont déroulés, la CENCO a appliqué la politique de l’Autruche qui consiste à ne pas aborder les vrais problèmes et leurs causes. En outre, la CENI constate que la CENCO s’est livrée à une analyse superficielle basée essentiellement sur les symptômes du problème et pour enfin proposer des pistes de solutions qui ne remédieraient de manière sérieuse et durable à aucun des maux décriés.
- Avant d’être des faits matériels, la fraude et la corruption, deux concepts qui transparaissent en filigrane dans le message de la CENCO, sont des actes délibérés qui relèvent fondamentalement de l’éthique et de la morale. Il est injuste que la CENCO puisse allègrement les imputer exclusivement au pouvoir organisateur des élections en RDC dans une situation où il est clairement établi qu’au lieu d’être organisatrice de ces actes répréhensibles, la CENI a été victime des comportements et des agissements de certains acteurs bien identifiés dans notre société. Pour preuve, pour la toute première fois, la CENI n’a pas hésité à diligenter des enquêtes et à prendre des sanctions exemplaires contre les délinquants électoraux, notamment les candidats, les autorités politico-administratives ainsi que son personnel.
- La CENI est une Institution d’appui à la démocratie en République Démocratique du Congo, instituée par les dispositions de l’article 211 de la Constitution. A ce titre, « elle est chargée d’assurer la régularité des processus électoraux et référendaires ».
- Le 20 décembre 2023, la CENI a organisé des élections combinées présidentielle, législatives nationales, provinciales et communales conformément à la Loi électorale et à son calendrier rendu public par la Décision n° 044/CENI/AP/2022 du 26 novembre 2022.
- Investie avec un retard de 28 mois, la CENI a relevé le défi d’organiser 4 scrutins combinés sur le territoire national et, pour la toute première fois, pour la diaspora congolaise dans 5 pays sélectionnés pour la phase pilote (Afrique du Sud, Belgique, Canada, Etats-Unis et France) dans le strict respect du délai constitutionnel, en dépit des contraintes diverses (logistiques, financières, sécuritaires et opérationnelles). En plus de la diaspora, la CENI a réussi à organiser, pour la première fois depuis près de 4 décennies, les élections locales.
- Au-delà de toutes les considérations, la CENI actuelle a réussi à organiser le processus électoral le plus inclusif, le plus transparent et le plus apaisé de l’histoire contemporaine de notre pays. Il n’y a indubitablement aucun terme de comparaison par rapport aux cycles électoraux précédents. Elle n’a toutefois pas la prétention d’avoir accompli sa mission à la perfection, qualité impossible à atteindre dans une entreprise humaine. Non seulement que la Centrale Electorale a été constamment prompte à reconnaître et assumer ses responsabilités chaque fois que cela était nécessaire, mais elle a également essayé d’apporter des solutions idoines et des mesures correctives qui s’imposaient.
L’intégralité de ce document à retrouver à la fin de cet article.
Dans une déclaration datée du 16 janvier 2024, la CENCO avait accusé la CENI d’avoir organisé les élections « par défi » en violation du cadre juridique national et de l’administration électorale alors qu’elle avait conscience de n’avoir pas réuni toutes les conditions requises pour l’organiser.
Felly Luyindadio