Dans une démarche saluée par la communauté internationale, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé le vendredi 25 avril 2025 à Washington une déclaration de principes historique. Sous l’égide des États-Unis et la supervision du secrétaire d’État, Marco Rubio, cette initiative marque une volonté commune d’élaborer un avant-projet d’accord de paix d’ici le 2 mai prochain.
Les ministres des Affaires étrangères des deux nations ont paraphé ce document, s’engageant publiquement à cesser tout soutien militaire aux groupes armés qui sévissent dans la région et à mettre en place un mécanisme conjoint de coordination sécuritaire. L’objectif principal de ce mécanisme est de contrer efficacement les activités criminelles transfrontalières qui alimentent l’instabilité.
Cette signature intervient dans un contexte régional particulièrement tendu. Depuis 2022, l’est de la RDC est le théâtre d’une recrudescence de violence, exacerbée par les offensives du groupe rebelle M23, dont le soutien rwandais est largement documenté. Ce conflit, dont les racines plongent dans les tragiques conséquences du génocide rwandais de 1994, a vu le M23 progresser significativement, allant jusqu’à occuper des villes stratégiques telles que Goma et Bukavu. Face à cette situation alarmante, les États-Unis n’ont pas hésité à imposer des sanctions à des responsables rwandais et du M23, réitérant leur appel au retrait des forces rwandaises et à la cessation immédiate des hostilités.
Au-delà de l’implication américaine, d’autres acteurs clés ont œuvré en coulisses pour faciliter le dialogue. Le Qatar a notamment joué un rôle crucial en organisant une rencontre significative en mars dernier entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, rencontre qui avait abouti à un engagement en faveur d’un cessez-le-feu. Parallèlement, le processus de Luanda, sous la médiation du président angolais João Lourenço, demeure un cadre essentiel pour la recherche d’une solution pacifique durable au conflit.
L’intérêt croissant des États-Unis pour la région ne se limite pas à la sécurité. L’est de la RDC regorge de ressources minérales stratégiques, telles que le cuivre, le cobalt et le lithium, des éléments essentiels à la transition énergétique mondiale.
Dans un contexte de volonté de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’exploitation minière dominée par la Chine, Washington a clairement exprimé son intérêt pour des investissements publics et privés dans ces secteurs. Des discussions seraient en cours pour établir des accords miniers séparés avec la RDC et le Rwanda, soulignant l’importance économique d’une stabilisation régionale.
Si la signature de cette déclaration de principes suscite un optimisme prudent, de nombreux défis restent à surmonter. La mise en œuvre effective des engagements pris, la neutralisation des multiples groupes armés actifs dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), et la normalisation des relations bilatérales entre Kinshasa et Kigali constituent des obstacles de taille. La communauté internationale, et en particulier la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), continue de jouer un rôle crucial dans le soutien aux mécanismes de vérification et aux efforts de stabilisation sur le terrain.
La signature de cette déclaration de principes représente néanmoins une avancée notable et un signal positif pour l’avenir de la région des Grands Lacs. La concrétisation d’un accord de paix d’ici la date butoir du 2 mai sera déterminante non seulement pour la RDC et le Rwanda, mais également pour la stabilité et le développement de l’ensemble de l’Afrique centrale. Les regards sont désormais tournés vers les prochaines étapes de ce processus délicat mais crucial.