Dans ma tribune intitulée « Processus de Doha : Le Rwanda active son plan B pour perpétuer son modèle proxy en RDC », publiée le samedi 12 juillet dernier, je posais une question restée sans réponse : « Comment expliquer le rapprochement idéologique entre le Rwanda, le M23/AFC et la CENCO-ECC sur la question du dialogue national ? »
J’y alertais également sur le risque que la CENCO-ECC, sans en avoir forcément conscience, ne légitime le modèle proxy du Rwanda. Quelques heures seulement après cette publication, certains faits sont venus confirmer mes craintes.
En effet, les images relayées dans l’opinion publique par Mgr Fulgence Muteba, président en exercice de la CENCO, et Corneille Nangaa, coordonnateur du mouvement rebelle AFC allié au M23, sont éloquentes. Ces clichés véhiculent un message troublant : affinité, rapprochement idéologique et même conspiration, qu’il est difficile de ne pas relier à la situation sécuritaire en RDC.
Ces 3 images (voir illustrations en annexes) ont été prises dans une zone sous occupation du RDF, en complicité avec le M23/AFC. C’est dans ce contexte que le président de la CENCO a choisi de se rendre.
Décryptage des trois images
1. La première image est celle de la bénédiction du rebelle
▪︎ Mgr Fulgence Muteba, en soutane blanche (symbole de sacralité), bénit Corneille Nangaa en posant sa main sur son front.
▪︎ Le sourire de l’évêque trahit une complicité émotionnelle, voire charnelle, avec un homme dont le projet politique s’appuie sur la violence contre ses propres frères.
▪︎Aucune repentance préalable du rebelle n’a été exigée. Comment un serviteur de Dieu peut-il bénir un acteur dont les mains sont souillées de sang congolais ?
2. La deuxième image, traduit le conciliabule suspect
▪︎ Mgr Muteba semble partager des informations confidentielles avec Nangaa, qui écoute avec un sourire en coin, mais le visage crispé.
▪︎ Le message paraît à la fois rassurant (pour le combat du rebelle) et inquiétant (évoquant peut-être des obstacles à venir).
▪︎ Cette scène ressemble à une mise au point stratégique entre deux acteurs d’un même plan.
3. La troisième image est celle d’une détente complice
▪︎Les deux hommes rient ensemble, comme pour masquer la gravité des sujets abordés.
▪︎Une façade de légèreté qui contraste avec la gravité de la situation sécuritaire qu’ils contribuent à influencer.
Questions qui s’imposent
1. Pourquoi le président de la CENCO se sent-il plus à l’aise avec des rebelles sanguinaires qu’avec ceux qui défendent l’intégrité territoriale et la souveraineté du Congo ?
2. Qu’ont perdu les Congolais sous Tshisekedi qu’ils avaient sous Kabila, au point de justifier une rébellion soutenue par le Rwanda ?
3. Les revendications du M23/AFC à Doha confirment la volonté du Rwanda d’ancrer son modèle proxy en RDC. La CENCO-ECC en est-elle complice ? Si non, quelle en est la preuve ?
En somme, ces trois images révèlent une conspiration inquiétante entre la CENCO-ECC et la rébellion AFC/M23, visant à légitimer l’ingérence rwandaise, en perpétuant son modèle proxy en RDC. Cela explique la méfiance légitime du président Félix Tshisekedi face à une facilitation voulue exclusive du dialogue national par la CENCO-ECC.
