Alors que le dossier de la réouverture de l’aéroport international de Goma continue de susciter des divergences entre Kinshasa et la rébellion de l’AFC/M23, l’Union européenne (UE) s’est rangée derrière la proposition française visant à relancer le trafic humanitaire dans cet aéroport stratégique du Nord-Kivu.
À l’issue de son séjour de travail à Kinshasa, ce mercredi 5 novembre 2025, le représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, l’ambassadeur Johan Borgstam, a salué cette initiative, estimant qu’elle enverrait un signal fort d’espérance aux populations vivant dans les zones sous contrôle rebelle.
« Je crois que toutes les parties: la RDC, le Rwanda, mais aussi le M23 ont des obligations claires en matière de protection des civils. Réouvrir l’aéroport de Goma, même pour des vols humanitaires limités, permettrait de rapprocher les efforts diplomatiques des réalités vécues sur le terrain », a-t-il déclaré.
Selon le diplomate européen, la détérioration de la situation humanitaire dans l’Est de la RDC nécessite une mobilisation internationale accrue. La reprise partielle des activités à l’aéroport de Goma pourrait, selon lui, renforcer la présence de l’État congolais et démontrer la volonté du gouvernement central d’agir pour l’ensemble du territoire, malgré les zones encore sous occupation.
« Faciliter l’accès humanitaire sans entrave dans tout le pays reste une priorité. C’est aussi une manière pour Kinshasa de montrer aux populations qu’elles ne sont ni oubliées ni abandonnées », a ajouté M. Borgstam.
La décision de rouvrir l’aéroport de Goma a été annoncée par le président français Emmanuel Macron lors de la Conférence de Paris sur la paix et la prospérité dans la région des Grands Lacs, organisée conjointement avec le Togo, mandaté par l’Union africaine comme médiateur. Cette réouverture, limitée dans un premier temps aux vols humanitaires, interviendrait près d’un an après les violents affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda.
Si le gouvernement congolais ne s’oppose pas à la démarche, la Première ministre Judith Suminwa a rappelé la nécessité d’associer les institutions nationales à chaque étape du processus. Elle a par ailleurs mandaté le vice-premier ministre chargé des Transports, Voies de communication et Désenclavement pour assurer le suivi du dossier.
De son côté, le mouvement rebelle AFC/M23, par la voix de son coordonnateur politique Corneille Nangaa, a exprimé son mécontentement face à une décision jugée « inopportune » et « déconnectée de la réalité du terrain ».
« Cette décision a été prise sans aucune consultation préalable avec notre mouvement », a dénoncé M. Nangaa, accusant certains acteurs humanitaires de « se nourrir de la détresse des populations déplacées ».
La Conférence de Paris avait pour but de mobiliser la communauté internationale autour de la crise humanitaire persistante dans l’Est de la RDC, tout en soutenant les efforts de médiation pilotés par les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine. Les organisateurs ont également insisté sur l’importance de renforcer le dialogue économique régional, perçu comme un levier essentiel pour consolider une paix durable.
Pour Paris, cette rencontre a offert à la communauté internationale une nouvelle occasion de réaffirmer son engagement pour la stabilité, le développement et la paix dans la région des Grands Lacs, avec, au centre des priorités, le bien-être des populations affectées par les conflits.

