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Retrait de la SAMIDRC à Goma : La SADC contrainte de solliciter une aide au Rwanda 

 

Un obstacle logistique majeur à l’aéroport international de Goma, toujours hors service, a contraint la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) à prendre une décision délicate et potentiellement lourde de conséquences diplomatiques.

 

Face à l’impossibilité d’évacuer ses troupes par voie aérienne, la SADC a officiellement sollicité l’implication du Rwanda pour faciliter le retrait terrestre des contingents sud-africain, tanzanien et malawite déployés dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) dans le cadre de la mission de la SAMIDRC (Mission de la SADC en République Démocratique du Congo).

 

Cette démarche inédite fait suite à une réunion stratégique cruciale qui s’est tenue le 11 avril au quartier général de la Force de défense populaire tanzanienne (TPDF). Les chefs d’état-major des trois nations contributrices à la SAMIDRC, à savoir le général Jacob John Mkunda (Tanzanie), le général Rudzani Maphwanya (Afrique du Sud) et le général Paul Valentino Phiri (Malawi), ont conjointement exprimé leur vive préoccupation face à l’impasse logistique et ont pressé le secrétariat de la SADC d’engager des pourparlers diplomatiques urgents avec Kigali.

 

La gravité de la situation a conduit à la convocation d’une réunion d’urgence le 14 avril à Dar-es-Salaam, sous l’égide du professeur Kula Theletsane, responsable de l’Organe de la SADC pour la politique, la défense et la sécurité. Au terme de cette rencontre, l’option d’un retrait terrestre transitant par le territoire rwandais a été validée comme la solution la plus pragmatique, malgré les défis logistiques et, surtout, diplomatiques qu’elle représente.

 

Selon des sources militaires sud-africaines, le plan actuel prévoit un regroupement des différents contingents à Chato, en Tanzanie. De là, chaque pays organisera le rapatriement de ses soldats et de son matériel.

 

Ce redéploiement intervient dans un contexte sécuritaire est-congolais toujours extrêmement volatile, marqué par la persistance des affrontements entre une multitude de groupes armés. La mission de la SAMIDRC, initialement déployée pour appuyer les forces armées congolaises dans leurs efforts de stabilisation, arrive ainsi à son terme dans un climat où la paix et la sécurité demeurent des objectifs lointains.

 

Le recours au Rwanda, dont les relations avec la RDC sont historiquement complexes et souvent tendues en raison des accusations récurrentes d’implication de Kigali dans le soutien à certains groupes armés, constitue un pari risqué pour la SADC. Bien que dictée par la nécessité opérationnelle, cette démarche pourrait avoir des implications politiques significatives dans la région. La question cruciale demeure de savoir si Kigali répondra favorablement à cette demande de coopération régionale, et à quelles conditions.

 

L’impasse logistique à Goma met en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les missions de maintien de la paix dans des environnements instables. Elle souligne également la nécessité d’une coordination régionale efficace et d’une diplomatie agile pour surmonter les obstacles imprévus. L’issue de cette sollicitation à l’égard du Rwanda sera scrutée de près par les observateurs régionaux et internationaux, tant elle pourrait impacter la suite des opérations et les dynamiques sécuritaires dans l’est de la RDC.

 

 

 

Gracieux Bazege