La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (RDC) s’apprête déjà à quitter le sol congolais après un plan de désengagement signé le 21 novembre 2023 par Kinshasa et les Nations-Unies pour un retrait progressif, ordonné et non précipité qui est déjà en plein exécution notamment par la remise de la base de Kamanyola, un groupement de la chefferie de Ngweshe, dans le territoire de Walungu au Sud-Kivu.
Cette préparation de retrait n’a pas laissé indifférent le candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2023, Denis Mukwege qui ne partage pas le même avis avec le gouvernement congolais. Dans une correspondance adressée aux États membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le Prix Nobel de la Paix 2018 craint déjà le risque de laisser un vide sécuritaire extrêmement “dangereux” et estime que les conditions ne sont pas encore réunies pour le retrait des casques bleus.
« Un retrait précipité de la présence des casques bleus et de la Brigade d’intervention de la Monusco dans un contexte de guerre d’agression et de sur militarisation de la région risque de laisser un vide sécuritaire extrêmement dangereux pour l’existence même de la RDC et désastreux pour la protection des civils et la stabilité, mettant sérieusement en péril l’héritage de 25 ans de présence du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en RDC. Il est encore temps pour le gouvernement de la RDC et les Nations Unies de suspendre et de revoir le plan conjoint de désengagement et son calendrier et de maintenir une marge de flexibilité en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain pour éviter un nouvel échec patent de la communauté internationale en matière de maintien de la paix et une nouvelle chronique d’une catastrophe annoncée au cœur de l’Afrique qui aggraverait encore davantage la menace sur la paix et la sécurité régionales et internationales. », a dit Denis Mukwege.
Dans cet ordre d’idée, le gynécologue et militant des droits de l’homme a fait savoir que la RDC est encore loin du stade où la menace posée par les groupes armés nationaux et étrangers soit ramenée à un niveau qui puisse être géré par les forces de sécurité et de défense congolaises.
« La RDC est encore loin du stade où la menace posée par les groupes armés nationaux et étrangers soit ramenée à un niveau qui puisse être géré par les forces de sécurité et de défense congolaises. Les casques bleus et la Brigade d’intervention ne peuvent partir tant que l’armée et la police ne seront pas en mesure d’assurer la souveraineté de l’État et la protection des civils. Ainsi, le chronogramme retenu pour le désengagement complet de la Monusco pour la province du Sud Kivu, à savoir la fin du mois d’avril 2024, doit être urgemment réévalué et reporté », a-t-il ajouté.
Poussée vers la sortie par Kinshasa, la MONUSCO a annoncé son retrait progressif à partir du 30 avril 2024. C’est ce qu’avait affirmé la porte-parole de cet organisme international en RDC, Ndèye Khady LO lors de son interview accordée à la presse onusienne le 14 février de l’année en cours.
Felly Luyindadio