Ce mardi 18 Mars, à Doha, capitale du Qatar une scène presque inattendue s’est déroulée : les Présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, ennemis diplomatiques proclamés depuis des mois, se sont rencontrés sous l’égide de l’Émir du Qatar, Son Altesse le Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani. Une initiative visant à apaiser la crise dévastatrice qui ravage l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis des années. Cependant, cette rencontre, bien qu’historique, suscite un torrent de réflexions acerbes sur la cohérence, la constance et l’orgueil politique.
Rappelons que Félix Tshisekedi, dans un élan de défi catégorique, avait déclaré l’an dernier : « Nous échangerons au paradis, devant Dieu le créateur. » Mais Doha n’est ni le paradis, ni Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani son Dieu créateur. Ce face-à-face symbolise un revirement spectaculaire, trahissant l’arrogance initiale du président congolais. Pendant ce temps, des milliers de vies humaines ont été sacrifiées, et des millions d’autres brisées, dans un conflit qui aurait peut-être pu être atténué par une négociation plus précoce. Combien encore auraient dû être perdues pour que Tshisekedi mette enfin de côté son orgueil ?
Un président de la République se doit de respecter ses engagements, car la crédibilité et l’autorité morale d’un leader reposent sur la constance de ses actions et de ses paroles. Ce principe semble néanmoins échapper au fils du Sphinx de Limete, Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Félix Tshisekedi est tristement célèbre pour ses volte-face et ses promesses non tenues. Depuis ses accords avortés avec l’ancien président Joseph Kabila jusqu’à ses alliances rompues avec Moïse Katumbi et d’autres figures politiques de la sous-région, son parcours est marqué par des décisions souvent en contradiction avec ses engagements initiaux. Ces incohérences répétées érodent la confiance des Congolais, mais aussi celle de ses partenaires internationaux.
Les conséquences de cette guerre, exacerbée par l’absence de dialogue, sont accablantes. Depuis la prise de Bunagana par le M23 en 2021, des milliers de vies ont été perdues. Rien qu’à Goma, les offensives récentes ont causé près de 3 000 morts, selon les Nations Unies. Les déplacements massifs de populations atteignent des proportions alarmantes, avec plus de 7 millions de personnes déplacées dans l’Est de la RDC. Les infrastructures détruites, les écoles fermées et les hôpitaux débordés racontent le prix de l’inaction et du refus obstiné de dialoguer. Était-il nécessaire d’attendre Doha pour initier ce face-à-face qui aurait pu épargner tant de souffrances ?
Les deux présidents ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, avec des modalités d’exécution à préciser dans les jours à venir. Le tout s’inscrit dans le cadre des acquis des processus de Luanda et de Nairobi. Pourtant, les Congolais ont raison de rester sceptiques. De simples déclarations diplomatiques suffiront-elles à panser les plaies béantes de cette guerre ? Ou s’agit-il d’un autre jeu d’apparences, orchestré pour répondre aux pressions internationales sans réel impact sur le terrain ?
Au regard de cette dissonance flagrante, peut-on conclure que Doha est le paradis et que l’Émir du Qatar, Son Altesse Cheikh Tamim Bin Hamad Al Thani est Dieu créateur ? Non, ce déraisonnement ne peut en aucun cas embrouiller les Congolais éclairés. Cette rencontre, bien qu’elle symbolise une avancée diplomatique, ne saurait effacer les incohérences répétées d’un président dont les paroles semblent souvent en décalage avec ses actes.
En fin de compte, cette rencontre à Doha ne fait que renforcer une réalité troublante : la politique congolaise reste marquée par des promesses non tenues et une gestion incohérente des crises. Félix Tshisekedi, dans son imprévisibilité, rappelle cruellement que la politique congolaise continue de manquer de constance et de responsabilité. Si ce dialogue devait enfin aboutir à des avancées substantielles, il pourrait offrir un répit à une région en souffrance. Mais pour l’instant, cette rencontre ressemble moins à une solution qu’à une illustration supplémentaire des contradictions d’un président que même ses partisans ont du mal à défendre.

