Comme annoncé le week-end dernier face aux élus de sa famille politique, Union sacrée de la nation (USN), le Président de la République, Félix Tshisekedi, a pris une initiative majeure lors du conseil des ministres tenu ce 28 février à la cité de l’OUA à Kinshasa-Ngaliema. Il a chargé son conseiller spécial en matière de sécurité, le professeur Eberande Kolongele, d’entamer des consultations avec la classe politique et la société civile. L’objectif est de parvenir à un large consensus en vue de la mise en place d’un gouvernement d’Union Nationale.
Cette démarche intervient dans un contexte politique et sécuritaire tendu, où la recherche de solutions inclusives et consensuelles est devenue une priorité pour stabiliser le pays. Le professeur Eberande Kolongele, connu pour son expertise et son engagement, aura la tâche délicate de rassembler les différentes forces vives de la nation autour de ce projet ambitieux.
Les consultations viseront à inclure toutes les sensibilités politiques et les acteurs de la société civile, afin de garantir une représentativité équilibrée et une adhésion large au futur gouvernement. Cette initiative est perçue comme une tentative de renforcer l’unité nationale et de répondre aux défis multiples auxquels la RDC est confrontée, notamment sur le plan sécuritaire et économique.
Le Président Tshisekedi espère que ces consultations permettront de créer un climat de confiance et de coopération entre les différentes parties prenantes, facilitant ainsi la mise en œuvre des réformes nécessaires pour le développement du pays. La formation d’un gouvernement d’Union Nationale pourrait également contribuer à apaiser les tensions politiques et à renforcer la légitimité des institutions.
Il est important de souligner que l’opposition avait émis son point de vue quant à cette démarche. Lamuka de Martin Fayulu, Envol de Delly Sesenga, ainsi qu’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, ont exprimé leur réticence à partager l’échec du régime actuel. Ils plaident pour un dialogue national autour des pères religieux afin de parvenir à la paix, et non pour un gouvernement qu’ils considèrent comme une manœuvre de Tshisekedi pour conserver le pouvoir.
Les observateurs politiques suivront de près l’évolution de ces consultations, qui pourraient marquer un tournant décisif dans la gouvernance de la RDC. La réussite de cette initiative dépendra en grande partie de la capacité des acteurs politiques et de la société civile à mettre de côté leurs divergences pour travailler ensemble au service de la nation.
Il convient de rappeler que ce ne sera pas la première fois que Tshisekedi consultera les forces vives du pays afin de former un gouvernement d’union nationale. En 2021, lorsqu’il s’était séparé du Front Commun pour le Congo (FCC) avec lequel il était en coalition CACH-FCC, ces consultations, qui avaient duré près d’un mois au palais de la nation, avaient abouti à la formation du gouvernement de l’Union sacrée avec des acteurs tels que Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi et d’autres membres dissidents du FCC. Après quelques mois, Katumbi s’était rapidement retiré de l’Union sacrée suite à des escalades verbales jugées irrespectueuses par le leader d’Ensemble pour la République. Depuis, plusieurs anciens collaborateurs de Tshisekedi, notamment Joseph Kabila, Moïse Katumbi et Jean-Marc Kabund, reprochent au régime en place son incompétence, sa mauvaise gestion et son intolérance ; ils affirment que le président Tshisekedi ne respecte pas les accords et qu’il est un tyran.
Guyvenant Misenge