L’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) est plongé dans un abîme de violence, où les atrocités se succèdent sans répit. Villages incendiés, civils massacrés, femmes violées, enfants enrôlés de force dans les rebellions…les descriptions de l’horreur peinent à rendre compte de la réalité. Les pillages de ressources stratégiques, notamment le coltan et l’or, alimentent les conflits et enrichissent les seigneurs de guerre. Écoles fermées, centres de santé abandonnés, infrastructures routières détruites… le tissu social et économique est en lambeaux. Des milliers de déplacés internes, des millions de morts, des activités économiques paralysées, des veuves et des orphelins courant vers l’inconnu… la crise humanitaire atteint des proportions alarmantes. Dans cette spirale de violence, la recherche d’une paix durable apparaît comme un défi titanesque, mais impératif.
Marcel-Héritier Kapitene, spécialiste de l’Est de la RDC, souligne un changement significatif dans le rapport de forces : « Militairement, Kinshasa n’est plus vraiment en position de se déployer au Nord-Kivu et au Sud-Kivu ». Cette réalité résulte, selon lui, de « la vague de trahison des groupes d’autodéfense sur lesquels Kinshasa essaie de s’appuyer, notamment les wazalendo ». Ni les forces gouvernementales, ni le M23, soutenu par le Rwanda, ne semblent en mesure de prendre l’avantage, créant une impasse militaire.
Le M23 soutenu par le Rwanda a étendu son contrôle, s’emparant de territoires stratégiques et installant sa propre administration. Il contrôle également la mine de Rubaya, la plus grande mine de coltan du pays, renforçant ainsi sa position économique et sa capacité de pression.
Malgré l’adoption de la résolution 2773 du conseil des sécurités de nations unies et d’autres sanctions contre le Rwanda, Kinshasa est soumis à des pressions internes et externes. Le revirement apparent du gouvernement, passant d’une position de rejet du dialogue avec le M23 à l’annonce de négociations directes, témoigne de ces pressions. Marcel-Héritier Kapitene y voit le résultat du recul militaire et des impératifs diplomatiques : « Kinshasa ne peut pas s’exprimer ouvertement favorable aux discussions, tout comme il ne peut pas rejeter la main tendue, de peur de subir un rejet diplomatique. »
La population civile est la principale victime du conflit. Des milliers de personnes sont déplacées, vivant dans des conditions précaires, avec un accès limité à l’aide humanitaire. Les témoignages font état de violences, de violations des droits humains et d’une peur constante. Néné Bintu Iragi, de la société civile du Sud-Kivu, souligne l’urgence d’un dialogue pour protéger les civils.
Appels au dialogue et à la construction d’une armée forte
Néné Bintu Iragi appelle à un dialogue urgent et à la construction d’une armée congolaise forte, capable de protéger l’intégrité territoriale du pays. Elle critique le recours aux forces étrangères et insiste sur la nécessité de solutions endogènes.
L’annonce de négociations directes entre Kinshasa et le M23, dans le contexte d’un sommet de la SADC, soulève des espoirs, mais aussi des interrogations. Les sujets de négociation, la capacité des parties à faire des concessions et la mise en œuvre d’accords durables restent des défis majeurs.
Les tensions entre la RDC et le Rwanda, les accusations de soutien à des groupes armés et les enjeux liés à l’exploitation des ressources naturelles soulignent la dimension régionale du conflit. La recherche de la paix nécessite une approche globale, impliquant tous les acteurs concernés et tenant compte des responsabilités de chacun.
La situation en RDC exige une action urgente et coordonnée. La paix durable passe par un dialogue inclusif, une réforme du secteur de la sécurité, une justice transitionnelle et un développement économique et social équitable. L’avenir de la RDC dépend de la capacité de tous les acteurs à mettre de côté leurs intérêts particuliers et à œuvrer pour le bien commun.