La République démocratique du Congo (RDC) a officiellement annoncé son refus de participer à la 46e Conférence ministérielle de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), prévue à Kigali, au Rwanda. Dans un message publié sur la plateforme X, la ministre déléguée à la Coopération internationale, Bestine Kazadi, a justifié cette décision par le contexte géopolitique tendu entre les deux pays, dénonçant une « caution tacite de l’agression contre la RDC » et un non-respect des valeurs fondamentales de la Francophonie.
Un contexte de tensions persistantes
La RDC et le Rwanda traversent une période de relations particulièrement tendues, marquée par des accusations réciproques et des tensions militaires dans l’Est congolais. Kinshasa accuse Kigali de soutenir le groupe rebelle du M23, qui sévit dans la province du Nord-Kivu et menace la stabilité du pays. Une situation qui a poussé les autorités congolaises à remettre en question la pertinence de la tenue d’un événement de l’OIF sur le sol rwandais.
En refusant de participer à cette conférence, Kinshasa envoie un signal fort à la communauté internationale et à l’organisation francophone. Pour le gouvernement congolais, il est inconcevable qu’un État accusé d’agression contre un autre membre de l’OIF puisse accueillir une réunion censée incarner les valeurs de dialogue, de solidarité et de coopération.
Un appel à la solidarité des membres de l’OIF
Dans son message, Bestine Kazadi a interpellé les États et gouvernements membres de l’OIF, les appelant à soutenir la position de la RDC. « Nous en appelons à la solidarité des États et gouvernements membres de l’OIF à nous soutenir ! », a-t-elle lancé, soulignant que la Francophonie ne peut pas se permettre d’ignorer les violations de ses principes fondamentaux.
Cette prise de position pourrait mettre l’organisation face à un dilemme. D’un côté, elle doit garantir la tenue de ses réunions et le respect des engagements pris, mais de l’autre, elle doit veiller à ce que ses principes de paix et de coopération ne soient pas mis en péril par des contextes conflictuels entre États membres.
Quelles conséquences pour la Francophonie ?
L’initiative de la RDC pourrait ouvrir un débat au sein de l’OIF sur la nécessité de réévaluer les critères d’attribution des conférences internationales, en tenant compte des tensions géopolitiques entre les pays membres.
Si d’autres États rejoignent la position congolaise, l’organisation pourrait être contrainte de reconsidérer le choix du pays hôte, voire de reporter la conférence. À l’inverse, si l’OIF maintient son cap, la RDC pourrait renforcer son discours sur une supposée complaisance de la communauté internationale face à l’attitude du Rwanda dans le conflit de l’Est congolais.
Quoi qu’il en soit, cette décision de boycott met en lumière les fractures diplomatiques qui traversent l’espace francophone et pose la question de la capacité de l’OIF à jouer un rôle impartial et constructif dans la résolution des crises entre ses membres.
Jonathan Laying