À peine 48 heures après l’annonce d’une trêve à Doha entre le gouvernement congolais et les représentants du M23/AFC, des violents affrontements ont été signalés ce vendredi 25 avril dans plusieurs territoires du Nord-Kivu, notamment à Masisi, Rutshuru et Walikale. Ces hostilités matinales entre les éléments du M23/AFC et les groupes armés Wazalendo jettent une ombre sérieuse sur la fragilité de l’entente.
Selon des sources locales concordantes relayées par Radio Okapi, les combats ont débuté vers 5 heures du matin.
Dans le territoire de Masisi, le secteur d’Osso Banyungu a été le théâtre de violents affrontements, précisément à Kinyumba, situé à environ cinq kilomètres du centre de Nyabiondo. Les hostilités se sont rapidement propagées à Burubi, Kibanda, Kikomo et Kasopo. Les témoignages divergent quant à l’instigateur des attaques : certains affirment que le M23 a lancé des offensives coordonnées contre les positions des combattants Wazalendo de l’APCLS, tandis que d’autres soutiennent que ce sont les Wazalendo qui ont ouvert le feu.
La population de Nyabiondo a été réveillée en sursaut par le fracas des armes lourdes, plongeant la localité dans la panique. De nombreuses familles ont pris la fuite, cherchant refuge auprès de la base locale de Médecins Sans Frontières (MSF) ou au centre hospitalier de la zone.
Simultanément, dans le territoire de Rutshuru, à Bukombo, des combats ont opposé les forces du M23/AFC aux résistants Wazalendo du Collectif des Mouvements pour le Changement (CMC), dirigé par le général Dominique Ndaruhutse. Des sources sur place rapportent que plusieurs positions du M23 ont été prises pour cible. Des explosions d’armes lourdes ont résonné dans toute la région, entraînant une nouvelle vague de déplacements de population vers les collines environnantes.
La situation est également tendue dans le territoire de Walikale, sur l’axe de Mutongo, où des accrochages se poursuivaient depuis la soirée de jeudi jusqu’à ce vendredi matin. Des mouvements de troupes du M23 ont été signalés dans la zone, avec un renforcement de leur présence à Nyabiondo en provenance de Masisi-centre. De plus, un repositionnement à Kibati a été observé, où les éléments du M23 auraient établi des avant-postes après s’être retirés de certaines zones de Walikale.
Un notable local a exprimé sa vive inquiétude, affirmant que l’objectif du M23 serait de prendre le contrôle de l’ensemble du Masisi et de reconquérir le chef-lieu du territoire de Walikale.
Ces nouvelles flambées de violence surviennent dans un contexte de fragilité extrême, à peine deux jours après la déclaration conjointe de trêve signée à Doha, censée ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable dans l’est de la République démocratique du Congo. La reprise immédiate des hostilités soulève de sérieuses questions quant à la volonté réelle des parties de respecter cet accord et augure mal de la perspective d’une paix durable dans la région. La communauté internationale observe avec préoccupation cette escalade de la violence qui met en péril les efforts de médiation et exacerbe la crise humanitaire déjà alarmante dans le Nord-Kivu.
Gracieux Bazege
