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Retour controversé de Cishambo à Goma : Une légitimation de la rébellion ?

Le récent retour de Marcelin Cishambo à Goma, accueilli avec ferveur par l’Alliance Fleuve Congo/M23 (AFC/M23), soulève de sérieuses interrogations et suscite une vive préoccupation, particulièrement dans une ville qui demeure sous le contrôle de ce groupe rebelle. Alors que l’article initial semblait dépeindre un événement politique majeur, il est impératif de replacer cette situation dans son contexte réel : celui d’une occupation illégale et d’une légitimation potentielle des rebelles.

 

Un Ancien Gouverneur aux Côtés d’un Groupe Rebelle

Marcelin Cishambo n’est pas un acteur politique anodin. Ancien gouverneur de la province du Sud-Kivu de 2010 à 2017, et auparavant conseiller politique du chef de l’État en 2006, son parcours est intrinsèquement lié aux institutions de la République Démocratique du Congo. Élu sous la bannière du PPRD, il a, durant son mandat, initié des projets d’infrastructures et œuvré pour le rapatriement des déplacés. Cependant, son bilan a également été critiqué pour la gestion de la province et la paupérisation des agents.

Son retour à Goma, sous l’égide de l’AFC/M23, est d’autant plus troublant qu’il s’inscrit dans un contexte où le M23 est clairement identifié comme un groupe armé rebelle, responsable d’atrocités et de déplacements massifs de populations. La présence d’un ancien haut dignitaire de l’État congolais aux côtés de cette mouvance, qualifiée par cette dernière de « tournant décisif » dans sa « lutte politique et militaire », envoie un message équivoque.

L’appel à la « mobilisation générale » lancé par l’AFC/M23

suite à l’arrivée de Cishambo, et l’objectif apparent de « changer le cours des événements à l’Est », ne peuvent être dissociés de l’agenda de ce groupe rebelle. Ce discours, bien que teinté de rhétorique politique, masque une réalité sur le terrain où le M23 continue d’exercer un contrôle illégal sur des territoires et des populations.

Le retour de Marcelin Cishambo et l’enthousiasme affiché par l’AFC/M23 ne sont pas de simples manœuvres politiques. Ils représentent potentiellement une escalade des tensions dans l’Est de la RDC et une complication majeure pour les efforts de paix et de stabilisation. La présence d’une figure politique connue, même avec un bilan contesté, aux côtés d’un groupe rebelle pourrait être perçue comme une forme d’approbation tacite, voire une tentative de blanchiment de ses actions.

Il est crucial que la communauté nationale et internationale observe avec la plus grande vigilance les développements à Goma. Le danger est réel de voir des acteurs politiques, quelles que soient leurs motivations, servir d’instruments pour légitimer des groupes armés, sapant ainsi les fondements de la souveraineté de l’État congolais et prolongeant l’agonie des populations déjà éprouvées par des années de conflit.

 

Rédaction